LES FAITS

L'HISTOIRE DU MASSACRE

› Contexte historique
Alors que la région lyonnaise est bientôt libérée, les exactions perpétrées par les membres allemands et français du SIPO-SD (Organisation militaro-policière nazie chargée de la sécurité et du renseignement), se succèdent dans les environs de Lyon et dans les locaux de la Gestapo.
Durant l’été 1944, plus de 600 prisonniers sur les 1100 entassés dans la prison de Montluc, alors réquisitionnée par les Allemands depuis février 1943, sont fusillés. Les victimes sont choisies au hasard par un adjudant de la Gestapo. La décision finale appartenait à Werner Knab (chef de la SIPO-SD pour la région lyonnaise), ou à Klaus Barbie (chef de la Gestapo à Lyon).
Le dimanche 20 août 1944 au matin, quelques jours avant la libération de Lyon, près de 120 prisonniers de Montluc sont extraits de leur cellule, ligotés dans la cour de la prison, avant d'être mis de force dans des fourgons. Après quelques kilomètres de route, leur funeste voyage prend fin sur les hauteurs de Saint-Genis-Laval, à proximité du Fort désaffecté de Côte Lorette. Conduits par petits groupes dans la maison du gardien, ils y sont froidement exécutés par les allemands, avec la complicité de la milice française.
Sources : Mémorial National de la Prison de Montluc, Archives départementales et métropolitaines du Rhône,
lycée René Descartes
› Le 20 Août 1944 et les jours d'après

20 août 1944

- 8h45 : Un voisin, M. Roure, habitant à côté du Fort de Côte Lorette, voit arriver des cars remplis de prisonniers et des voitures conduites par des Allemands. De sa maison, il est témoin de l’atrocité des faits. Son témoignage est recueilli lors de l’enquête qui fût menée après le drame.
- 10h45 : Le maire, M. Charles Girard et le maréchal des logis se rendent sur les lieux afin de voir ce qu’il se passe, mais ils sont empêchés par des soldats allemands, qui les repoussent. Les premières rafales de mitraillettes retentissent alors. Plus tard, les Allemands mettent des explosifs pour faire sauter la maison du gardien et ainsi faire disparaître toute trace.
- 16h-17h : Après le départ des Allemands, en fin de journée, le maire et des Saint-Genois se rendent sur les lieux du massacre. Le maire et le maréchal des logis constatent que la maison du gardien est totalement écroulée et incendiée.

21 août 1944

- Matin : Les pompiers arrivés sur place commencent à éteindre l’incendie, ce qui permet aux équipes de secouristes de la Croix-Rouge, dirigées par le frère Benoit, de commencer les fouilles et de rassembler les débris humains qu’ils trouvent. Malheureusement, bien souvent entassés, enchevêtrés, mélangés les uns aux autres, mêlés aux restes de la maison effondrée, beaucoup de victimes n’ont pas pu être identifiées immédiatement.
- Après-midi : Le travail des secouristes de la Croix-Rouge s’organise rapidement : une première équipe de déblaiement intervient pour enlever les gros blocs de pierres et découvrir les corps ensevelis. Une autre équipe s’occupe de l’identification et du dépôt mortuaire.

22 août 1944

Le mardi, les corps retrouvés sont rassemblés dans 88 cercueils. Le cardinal Pierre-Marie Gerlier exprime son indignation au travers d’un courrier où il affirme que « ceux qui en portent la responsabilité sont à jamais déshonorés aux yeux de l’humanité » ; il se rend aux obsèques à Saint-Genis-Laval le lendemain, 23 août.
Sources : Mémorial National de la Prison de Montluc, lycée René Descartes
› L'enquête médico-légale
Le professeur Pierre Mazel saisit le procureur général de la Cour d’appel de Lyon afin d’exhumer les corps et procéder à une enquête médico-légale. Celle-ci a pour but d’identifier les victimes, d’établir le mode opératoire de la tuerie et de constater les éventuelles tortures. L’opération doit être conduite par le docteur Jacques Bourret, chef des travaux de médecine légale à la faculté, expert auprès des tribunaux et de la Cour d’appel de Lyon.
Identifier les victimes est d’autant plus nécessaire que le doute persiste sur le sort de certains détenus. En effet, le 20 août 1944, 250 personnes sont extraites de Montluc. Malgré la difficulté d’organiser des convois en cette fin de mois d’août, 80 sont déportés en Allemagne.
L’enquête doit déterminer quels prisonniers ont été exécutés à Saint-Genis-Laval et ceux qui ont été déportés.
Le 11 septembre 1944, au cimetière de Saint-Genis-Laval, les 88 cercueils sont alignés, ouverts, les corps sont alors examinés.
L’enquête médico-légale confirme des traces d’exécution par balles, de probables tortures et conclut à un nombre de victimes estimé à environ 110 : « 88 plus d’autres dont on ne peut établir le nombre exact ».
10 corps sont alors rapidement identifiés, grâce aux proches ou à des objets (alliance, chevalière, bridge dentaire…). Parmi les victimes dont l’identité n’est pas immédiatement assurée lors de l’enquête médico-légale, on caractérise alors 43 hommes et 5 femmes. Les dépouilles des autres victimes sont trop dégradées pour pouvoir en déterminer le sexe.
Sources : Mémorial National de la Prison de Montluc, Archives départementales et métropolitaines du Rhône,
lycée René Descartes
› Édification du mausolée
Le 25 mars 1947, le maire de la commune de Saint-Genis-Laval lance le projet de construire un monument en mémoire des victimes sur les lieux de l'exécution. Afin de financer ce monument, une souscription publique a été ouverte pour laquelle les familles de victimes, des habitants et de nombreuses communes voisines ont participé.

Les cercueils restants sont rapatriés du cimetière au caveau à partir du 25 septembre 1947. Un pan de mur de l'ancienne maison du gardien a été reconstitué. Petit à petit, les familles des victimes ont fait poser des plaques nominatives en hommage à leurs ancêtres.

Dans les années 1980, le site devient officiellement un carré militaire, propriété de l’État et dont la gestion est honorée par l'ONaCVG. Des travaux de réfection ont lieu régulièrement (les derniers en date ont été réalisé en 2022).

En 2012, des plaques reprenant l'ensemble des noms identifiés ont été apposées sur le mur du souvenir à l'initiative de l'Association Saint-Genoise du Patrimoine, des Arts et des Lettres (ASPAL). 
Sources : Mémorial National de la Prison de Montluc, Archives départementales et métropolitaines du Rhône,
lycée René Descartes
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